Tache, ecchymose qui ne partent pas, déchirures… Lorsque la peau est extrêmement fragilisée et abîmée au point de provoquer des traces visibles violacées récidivantes, il peut s’agir d’un purpura de Bateman. Comment reconnaître les symptômes ? Quels sont les facteurs qui la favorisent ? Peut-on la soigner ? Zoom sur cette maladie qui touche principalement les seniors, dont peu de gens connaissent le nom et qui n'est pourtant pas si rare.
Après 70 ans, plus d'une personne sur dix serait atteinte par un purpura de Bateman. Il est plus rare, mais possible que des personnes plus jeunes (vers la cinquantaine) soient également touchées. Cette maladie également appelée purpura sénile, porte le nom du médecin anglais Thomas Bateman, auteur des tous premiers écrits sur la pathologie (publiés entre 1814 et 1817).
C'est une augmentation de la fragilité des vaisseaux sanguins liée au vieillissement de la peau et favorisée notamment par le photo-vieillissement, c'est-à-dire, l'exposition répétée aux UV artificiels et naturels (le soleil). "La couche moyenne de la peau dite « derme » se désorganise, elle devient plus déstructurée, explique le dermatologue, Ioannis Dimitriadis, membre de la Société Française de Dermatologie. La perte de collagène avec l'âge ainsi que la perte en fibres d'élastine, rendent la peau moins résistante, moins élastique et le moindre choc ou traumatisme peut donner lieu à une sortie des globules rouges des vaisseaux sanguins provoquant des marques visibles sur la peau". Cette pathologie ne représente pas un danger pour la vie du patient et est indolore, mais elle oblige à faire constamment attention à ne pas se cogner ou prendre un coup au risque de s’abîmer encore plus la peau.
En latin :"Purpura" signifie "violet". C’est la couleur des taches caractéristiques d’un purpura de Bateman. "Ce sont des marques dites ecchymotiques. Elles sont comme de larges bleus, aux contours irréguliers et angulaires", décrit le dermatologue. Elles ont une coloration lie de vin au début, puis deviennent de plus en plus violacées, brunâtres et enfin jaunâtres.
La plupart du temps, le purpura de Bateman se développe sur le dos des mains et la face externe des avant-bras, mais il est aussi possible d’en avoir sur le visage ou dans le cou, surtout chez les personnes avec une peau très fine à l’origine.
Dans certains cas, il arrive que le derme soit touché à un tel degré qu'un déchirement sur la peau survient avec apparition de lésions cutanées en forme d’étoile.
Les causes : attention à certains médicaments
Au-delà de la génétique et de l’âge sur lesquels nous n’avons pas le contrôle, d’autres facteurs environnementaux, témoins de notre mode de vie, peuvent aussi favoriser le développement d’un purpura de Bateman. "Tout ce qui peut atrophier la peau et entraîner un amincissement du derme influence l’apparition de cette pathologie", explique le dermatologue.
A savoir : "Toute taches ecchymotique n'est pas du purpura de Bateman. Il y a d'autres diagnostics à évoquer devant des lésions purpuriques (surtout s'il y a présence d'extension des lésions ou si les taches sont palpables)", souligne le spécialiste.
La vitamine C : une première piste de traitement ?
La mauvaise nouvelle c’est qu’aujourd’hui, il n’existe pas de traitement pour soigner le purpura de Bateman. Il est possible de prévenir au maximum l’apparition des taches en faisant avant tout attention à se protéger du soleil grâce à des crèmes solaires contre les UVA et les UVB, qui participent activement au photo-vieillissement cutané. Mais une fois que la maladie est là, c'est trop tard. "C’est une pathologie liée à la fragilité capillaire au sein d'une peau sénescente, une fois que la couche du derme est devenue trop fine, il n’y a rien à faire. On peut conseiller quelques crèmes hydratantes ou émollientes, mais cela n’est généralement pas très efficace et il faut faire attention à ne pas choisir des produits contenant des composants trop abrasifs qui pourraient abîmer encore plus la peau", prévient notre interlocuteur.
Néanmoins, certaines pistes pourraient donner lieu à de futurs traitements. En 2018, une étude publiée dans le Journal of The European Academy of Dermatology and Venerology, menée par une équipe de chercheurs français, avec à sa tête le Pr Philippe Humbert, expose les bienfaits de la vitamine C contre le purpura de Bateman. "C’est une bonne piste, estime le Dr Ioannis Dimitriadis, car on sait maintenant que la peau des personnes âgées est carencée en vitamine C". Ce serait en quelque sorte un "scorbut cutané".
Pendant 12 semaines, les chercheurs ont appliqué deux fois par jour une crème contenant de la vitamine C concentrée à 5 % sur des patients âgés de plus de 60 ans, atteints par la maladie. Résultat ? Le groupe d'étude atteste d'une amélioration des signes cliniques du purpura de Bateman et confirme que leur étude ouvre une piste pour un traitement qui permettrait la restauration partielle du derme.
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