Nous avons l’objectif de nous éloigner du concept désuet de la Dermatologie européanocentrée qui ignore les particularités des peaux fortement chargées en mélanine, c'est-à-dire qui contiennent une grande quantité de ce pigment inhérent de l’épiderme. Il n'y en a pas une peau « noire », mais plusieurs, qui sont différentes les unes des autres en termes de l’intensité de la pigmentation conférée par la mélanine. L’intensité en pigmentation mélanique est un facteur majeur influençant la physiologie et la physiopathologie cutanée. Notre objectif est de mettre en avant et en valeur les propriétés physiologiques, pathologiques et thérapeutiques qui sont inhérentes à l’intensité de l’épiderme en pigmentation mélanique.
Le dermatologue spécialisé sur les peaux dites « noires », c'est-à-dire dans les phototypes de couleur foncée, ou plus exactement, dans les peaux à forte charge en mélanine, sait trancher entre la couleur de peau et l’origine (ascendance) de chaque patient. Mêmes si la couleur de la peau est une caractéristique constitutive, c’est-à-dire une caractéristique génétique, la prise en compte des particularités de la peau noire à travers de la médecine raciale obsolète, est dépourvue de tout fondement scientifique et est incorrecte. Les paramètres pathologiques qui caractérisent les peaux foncées sont en grande partie dûs au comportement réactionnel de l'eumélanine - en termes de risque d'hyperpigmentation post-inflammatoire.
L'intensité de la pigmentation mélanique est l'élément qui pèse sur l’apparition des complications dermatologiques une fois qu’une dermatose se manifeste chez un patient à peau foncée. Par extension, sur le plan thérapeutique, le risque d’hyperpigmentation post-inflammatoire en raison de la charge élevée en mélanine dans les cellules de l’épiderme est un paramètre à prendre en compte dès le début de l’apparition d’une dermatose sur peau foncée. Les maladies cutanées touchant les patients aux peaux noires ne sont ni des astérisques dans les notes de bas de page des bouquins classiques de dermatologie, ni des affections tropicales ou exotiques. Ce sont les mêmes maladies qui touchent les peaux claires. Le dermatologue doit avoir acquis les compétences cliniques permettant une approche diagnostique adéquate de ces patients.
